Appel à des Etats Généraux du Cinéma
  • Accueil
  • Journée du 6.10
  • Actualités
  • Idées reçues
  • Collectif
  • Presse
  • En images
  • Contact
  • Search
  • Menu Menu
  • Twitter
  • Facebook
  • Instagram

IDÉES REÇUES ET CONTRE-VÉRITÉS #1/ NOUS AVONS BESOIN DES « CHAMPIONS NATIONAUX » PARMI LES DIFFUSEURS, POUR FAIRE FACE AUX GRANDS OPÉRATEURS INTERNATIONAUX – FAUX. #2/ LES FILMS FRANÇAIS NE SONT PAS RENTABLES – FAUX. #3/ LES FILMS FRANÇAIS SONT TOUS LES MÊMES- FAUX. #4/ IL Y A TROP DE FILMS EN FRANCE ET PAS ASSEZ DE PLACES DANS LES SALLES ! – FAUX. #5/ LE PUBLIC NE VEUT PLUS VOIR LES FILMS INDÉPENDANTS ET LE CINÉMA D’AUTEUR – FAUX. #6/ LA CHRONOLOGIE DES MÉDIAS EMPÊCHE LA DIFFUSION DES OEUVRES – FAUX. #7/ L’ARRIVÉE EN FRANCE DES PLATEFORMES AMÉRICAINES REPRÉSENTE UNE AVANCÉE D’AMPLEUR POUR LE CINÉMA CAR LES OBLIGATIONS D’INVESTISSEMENT QUI LEUR SONT IMPOSÉES AUX PLATEFORMES AMÉRICAINES CONSTITUENT UNE MANNE FINANCIÈRE DE 300M€ PAR AN POUR LE CINÉMA ET L’AUDIOVISUEL – FAUX. #8/ LES OBLIGATIONS DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES ET DES DIFFUSEURS AUDIOVISUELS SONT IDENTIQUES – FAUX. #9/ LE GOUVERNEMENT DÉFEND LE CINÉMA FRANÇAIS EN L’AUTORISANT À FAIRE DE LA PUBLICITÉ À LA TÉLÉVISION – FAUX. #10/ EN SIMPLIFIANT LES RÈGLES, ON EST PRAGMATIQUE ET MODERNE – FAUX. #11/ APRÈS LA CRISE SANITAIRE, LE CINÉMA A BESOIN DE « LOCOMOTIVE » POUR RELANCER LA FRÉQUENTATION – FAUX. #12/ LE CINÉMA FRANÇAIS EST SUBVENTIONNÉ ET C’EST LE CONTRIBUABLE QUI PAIE – FAUX. #13/ LE SYSTÈME DES INTERMITTENTS COÛTE CHER À LA COLLECTIVITÉ ET À L’ÉTAT – FAUX.

#1/ Nous avons besoin des “champions nationaux” parmi les diffuseurs, pour faire face aux grands opérateurs internationaux – FAUX.

A lui seul, Netflix présente un chiffre d’affaires CA plus important que celui de Canal+, FTV, TF1 et M6 réunis. En nombre d’abonnés, il dépasse déjà Canal+ parmi les diffuseurs payants.

La concurrence se joue ailleurs, car notre champion national c’est le cinéma : le 3e au monde, une économie équivalente au secteur automobile. En Europe, il est au premier rang, de loin et sur tous les plans : 222 films par an d’initiative française en moyenne entre 2020 et 2021, plus de 200 millions d’entrées en salles hors pandémie (213 millions en 2019), plus de 2000 cinémas, environ 40% de part de marché dans son propre pays, plus d’un milliard d’euros investis et plus de 100 000 emplois générés.

#2/ Les films français ne sont pas rentables – FAUX.

On épingle régulièrement la « rentabilité » de certains films en comparant leurs budgets et leurs résultats en salles. C’est se méprendre sur le financement du cinéma. Même réduite à sa dimension comptable, la rentabilité d’un film se calcule en effet sur un temps bien plus long : en comparant l’ensemble des coûts engagés dans la production et l’ensemble des recettes sur les différents supports de son exploitation, en France comme à l’étranger. Faut-il enfin rappeler que si notre cinéma est un trésor culturel, c’est parce qu’un film « qui marche » est aussi un film qui compte, qui traverse le temps, qui traverse les frontières, réinvente le regard, propose un langage. La « rentabilité » d’une oeuvre ne se résume pas à des indicateurs chiffrés.

De plus, la diffusion des œuvres via l’action culturelle génère une activité, des emplois qui créent de la richesse sur tout le territoire. 

Il semble néanmoins important de rappeler que la création de valeur d’une œuvre se fait essentiellement avec la salle et c’est pour cette raison qu’il nous faut à tout prix la préserver et la défendre.

#3/ Les films français sont tous les mêmes- FAUX.

Le cinéma français est l’un des plus divers au monde. Il produit tous les genres et toutes les typologies de film. Près de la moitié sont des premiers ou seconds films de cinéastes. 20% sont des documentaires et chaque année sont produits plusieurs longs-métrages d’animation. Le cinéma français est par ailleurs mondial : la France est un acteur incontournable de la production : en 2021, elle a investi en moyenne 225 M€ dans 143 coproductions internationales, dont 55 majoritaires françaises.

Au sein de cette diversité, le cinéma d’auteur français est toujours fort par sa différence. Il inspire, irrigue tous les cinémas du monde. Il est sélectionné dans tous les grands festivals internationaux, enseigné dans toutes les écoles, vu chaque année par au moins 40 millions de spectateurs étrangers en salles. En 2021, le film le mieux vendu à l’étranger hors animation et en langue française est Titane. 

Sa richesse est le fait d’un tissu de producteurs indépendants unique au monde, capables de prendre des risques et de découvrir de nouveaux talents pour que les plus grandes œuvres voient le jour.

#4/ Il y a trop de films en France et pas assez de places dans les salles ! – FAUX.

Il faut situer cette évolution dans un contexte mondial de transition numérique, de multiplication des images et des productions audiovisuelles dans leur ensemble, d’appel à toujours plus de « contenus ». 

Dans les cinémas, il y a un peu plus de films (+16% en 10 ans) mais encore plus d’espace disponible pour les montrer : plus de séances (+25%) et plus d’écrans (+504). A la télévision, +6% rien qu’en « linéaire ». 

La France est l’un des pays occidentaux où le nombre de films a le moins augmenté. Moins de films sortent en France qu’en Espagne, aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni. Enfin, les films français ne se « multiplient » pas plus que les autres : leur augmentation est même inférieure à la moyenne. 

Surtout, l’argument de la surproduction est trop facile. Quels films seraient « de trop » ? Ne manque-t-on pas, au contraire, de certains types de films ? Faire de « l’inflation » un problème en soi déforme le vrai débat : comment choisir et montrer les films, à l’heure où l’offre des salles s’uniformise, et se concentre autour de quelques sorties au détriment de la culture.

 Il y a une véritable nécessité d’un secteur recherche et développement qui permet à des auteurs de commencer, qui permet de développer de nouveaux langages, de nouvelles formes, de nouveaux récits.  Nous avons besoin d ‘une diversité de films et d’un public formé à cette diversité pour maintenir une création vivante et forte.

Le problème n’est pas le nombre de films mais la concentration des séances sur certains d’entre eux, qui pèse sur la visibilité et la durée de vie des autres, en particulier ceux du cinéma indépendant.

#5/ Le public ne veut plus voir les films indépendants et le cinéma d’auteur – FAUX

Comment prétendre que le public ne veut pas voir ces films, puisqu’il n’y a tout simplement pas accès et ne connaît parfois même pas leur existence avant qu’ils ne disparaissent des salles ?

En effet, ils sont écrasés par la politique d’offre saturante des majors en promotion et en écrans : il n’a jamais été aussi difficile d’avoir accès à 80% des œuvres.

Se pose aussi la question des créneaux horaires les plus porteurs, réservés pour les blockbusters, souvent diffusés simultanément sur plusieurs écrans dans les multiplexes, renforçant le décrochage des entrées pour les autres œuvres. Toutes ces tendances ont été renforcées pendant la crise sanitaire, profitant de l’absence de régulation (fin des accords d’engagements de programmation en 2020).

Quant aux films à moindre budget, ils sont tout simplement invisibles, suite à l’explosion des frais de promotion en salles (coûts de diffusion des bandes annonces). 

#6/ La chronologie des médias empêche la diffusion des oeuvres – FAUX

Contrairement aux œuvres produites et initiées par les plateformes – qui elles sont invisibles pour les non abonnés – les films qui s’inscrivent dans la chronologie des médias sont accessibles par tous sur des supports multiples, en s’adaptant aux usages différents des publics.

A mettre TV, salles, plateformes en concurrence les uns contre les autres, le public sera au final le grand perdant.

Les exemples de l’Italie et de l’Angleterre ont montré que l’expérimentation d’une sortie simultanée salle/plateforme a détruit la salle et la cinéphilie dans ces pays.

#7/ L’arrivée en France des plateformes américaines représente une avancée d’ampleur pour le cinéma car les obligations d’investissement qui leur sont imposées aux plateformes américaines constituent une manne financière de 300M€ par an pour le cinéma et l’audiovisuel – FAUX

Cette manne financière est concentrée sur l’audiovisuel à 80% par décret.

Concernant le cinéma, à ce jour, les obligations sont de l’ordre de 30M€ pour Netflix, de 4,6 M€ pour Amazon, de 2,5 M€ pour Disney, soit un total de moins de 37M€ pour ces trois sociétés milliardaires face aux 60M€ d’obligations pour France Télévisions et plus de 160M€ pour Canal+. De plus, là où les diffuseurs historiques français sont soumis à des obligations de diversité à l’intérieur de leurs financements, via des accords signés avec la profession, seule Netflix (parmi les plateformes) a signé un tel accord.

Quant à la volonté des SMADs de respecter leurs obligations comme prévu dans la loi, ainsi qu’à la capacité de l’État de veiller au respect de ces obligations de financement, cela reste à démontrer. Pour le moment, l’organe de contrôle désigné (l’Arcom) éprouve de grandes difficultés à mettre en place une procédure juste et rigoureuse, qui se base sur la réalité des faits et non pas sur des données déclaratives de la part des plateformes.

#8/ Les obligations des plateformes numériques et des diffuseurs audiovisuels sont identiques – FAUX

Déjà discutables pour ce qui relève des obligations de financement de la création compte tenu de la ventilation entre œuvres cinématographiques (20%) et œuvres audiovisuelles (80%) des plateformes, cette assertion est parfaitement fausses pour ce qui relève de l’exposition des œuvres : les services hertziens sont soumis à des quotas deux fois plus élevés (60% d’œuvres européennes dont 40% d’œuvres françaises) que les plateformes (30% d’œuvres européennes, pas de seuil pour les œuvres françaises).

#9/ Le gouvernement défend le cinéma français en l’autorisant à faire de la publicité à la télévision – FAUX.

L’ouverture à la publicité est assumée comme un petit cadeau aux télévisions. Dans tous les pays européens qui l’ont expérimentée, on n’a observé aucun effet sur les entrées annuelles en salles. Surtout, elle est destructrice pour la diversité : l’espace publicitaire à la télévision est rare et cher. Seules les plus grosses productions peuvent se l’offrir, au détriment du cinéma indépendant. Les inégalités entre films sont aggravées, fragilisant ainsi les producteurs, les distributeurs mais aussi les salles qui montrent une diversité d’œuvres. Elle accroît la tendance à la concentration des entrées sur quelques titres à gros budgets.

#10/ En simplifiant les règles, on est pragmatique et moderne – FAUX.

L’économie vertueuse du cinéma français repose précisément sur un système complexe et subtil : lois, décrets, fiscalité, CNC, aides automatiques et sélectives, décentralisation, production et distribution indépendantes, accords interprofessionnels, cogestion, solidarité de la filière… une horlogerie complexe et précise mais indispensable sous peine de dérégulation du secteur (voulue par les acteurs mondiaux).

Ce système, les gouvernements successifs, de droite ou de gauche, n’ont cessé de l’affiner, de le corriger, de le protéger. Avec l’ensemble du secteur culturel, ils l’ont aussi protégé des règles de libre-échange, inadaptées.

#11/ Après la crise sanitaire, le cinéma a besoin de « locomotive » pour relancer la fréquentation – FAUX.

La théorie selon laquelle la fréquentation a « simplement » besoin de quelques grands succès pour relancer les entrées de toutes les typologies de films qui seraient entraînées par ces locomotives a vécu. Sur les 12 mois qui ont suivi la deuxième réouverture des salles, on compte plusieurs très gros succès (Dune, James Bond, Spiderman…) sans effet sur un marché global oscillant entre -20% et -30%, le cinéma d’auteur avoisinant pour sa part les -50%. Contrairement à cette théorie et dans un contexte d’absence totale de régulation, on constate une bipolarisation drastique du marché, un ou deux films captant la promotion, l’exposition et la fréquentation, sans rien entraîner derrière eux mais au contraire en décrochant tous les autres.

#12/ Le cinéma français est subventionné et c’est le contribuable qui paie – FAUX.

C’est le privé et l’argent des spectateurs qui financent le cinéma français, via la taxe sur les billets et la taxe sur le chiffre d’affaires des diffuseurs. Ces taxes alimentent le compte de soutien du CNC, qui redistribue ensuite aux producteurs et distributeurs. 

Par ailleurs, un film ne peut dépasser 50% d’aides publiques dans son financement (60% pour les 1ers films). Quand par exemple une région donne 100k euros à un film, le film doit dépenser entre 150k et 200k euros dans la région. Nous créons de l’emploi et nous participons à faire vivre les territoires. 

Enfin, ce n’est pas l’Avance sur recettes qui structure le financement des œuvres françaises. Elle représente à peine 10% de l’enveloppe globale des financements du cinéma français.

#13/ Le système des intermittents coûte cher à la collectivité et à l’État – FAUX.

Assertion qui contribue à répandre cette idée que les intermittents sont des assistés qui profitent d’un système. 

Nous avons imaginé un système protecteur mutualiste pour nos techniciens. Un film est une petite entreprise en soi. Les techniciens ne sont pas en CDI et passent de film en film donc de CDD en CDD. Il leur fallait une protection dans le laps de temps entre chaque contrat. Ce n’est pas l’État qui paie cette protection. Les intermittents cotisent plus que n’importe quel employé pour financer leur assurance chômage. Et les producteurs payent énormément sur les budgets de films pour financer cette caisse.

Dessins de Pierre Mazingarbe

CONCLUSION

Toutes ces contre-vérités et ces simplifications sont désastreuses pour l’image du cinéma français dans l’opinion publique. Le fait qu’elles soient parfois véhiculées par les représentants des grands groupes d’exploitants, ou par la presse comme dans certains discours des pouvoirs publics, fait le plus grand tort à notre secteur.  

Nous avons inventé un système qui fonctionne bien et qui permet de faire exister le cinéma d’auteur et le cinéma de marché, un système qui défend l’art et l’industrie. La puissance publique a assuré jusque-là son rôle protecteur au nom d’une certaine idée de la culture française et de son rayonnement à l’international. Notre système permet aux créateurs d’exprimer leurs visions en toute liberté. Il a aussi permis de financer de grands cinéastes étrangers grâce à des coproductions entre sociétés françaises et étrangères.

Aujourd’hui, nous avons certes imposé des obligations de financement du cinéma français à tous les diffuseurs, y compris ceux du non-linéaire, mais nous avons aussi  intégré des multinationales américaines hyper puissantes dans notre système de financement, au risque de le déséquilibrer et de fragiliser à terme notre chronologie des médias, seul garant d’une exposition des œuvres en salles.

Les orientations du gouvernement et du CNC en matière de politique culturelle fragilisent aujourd’hui tout un tissu de petites et moyennes entreprises indépendantes françaises qui ne se sentent plus protégées et sont menacées par une concurrence déloyale au profit de quelques grands groupes. En tout état de cause, c’est la mort du cinéma français, un des fleurons de notre culture, qui est en jeu.

© Copyright - Appel à des Etats Généraux du Cinéma - site réalisé par Valentine Franssen / franssen.valentine@gmail.com - Enfold Theme by Kriesi
  • Twitter
  • Facebook
  • Instagram
Scroll to top