Nous sommes un collectif rassemblant des réalisateurs, des scénaristes, des techniciens, des interprètes, des producteurs, des distributeurs, des exploitants, des directeurs de festival, des attachés de presse, des critiques de cinéma, nombreuses organisations syndicales du secteur dont la SRF, le DIRE, le SDI, le SCA, l’ACID, l’ADEF, le SCARE, mais aussi le Syndicat de la critique, ou encore de nombreuses organisations de techniciens, comme l’AFC ou Les Monteurs associés.
Pendant plusieurs mois, nous nous sommes rassemblés au-delà de nos différences autour d’une passion commune, le cinéma, et d’une inquiétude réelle : la menace de disparition de la diversité qui fait la richesse de notre cinéma
Dans cet esprit nous avons organisé une journée d’appel à des états généraux du cinéma le 6 octobre dernier. Ce fut un succès. Nous étions plus de 2 000 personnes réunies à l’institut du monde arabe et sur les réseaux sociaux pour suivre l’événement.
Ce rendez-vous est venu confirmer ce que nous ressentions : un grand besoin de dialoguer tous ensemble après deux années de solitude exceptionnelle, le cinéma français, dans sa singularité et sa diversité, doit continuer à être défendu et protégé avec acharnement. De belles victoires ont été obtenues, mais il y a un besoin urgent aujourd’hui de mettre en place des États Généraux, un espace ouvert de dialogue et de réflexion collective, de concertation autour des solutions à apporter face aux bouleversements que nous traversons.
Beaucoup de choses ont été dites et écrites depuis la journée du 6 octobre. On nous reproche de ne pas être clairs sur nos propositions, c’est justement parce que nous désirons prendre le temps de cette concertation avec tous les acteurs du secteur, sur l’ensemble du territoire. On nous reproche de ne pas vouloir discuter avec les pouvoirs publics. Au contraire, nous avons toujours été très clairs, ces États Généraux ne pourront pas avoir lieu sans le soutien des pouvoirs publics. On nous soupçonne de vouloir réclamer toujours plus d’argent, de prendre l’État pour le Père Noël. C’est faux, nous ne réclamons pas plus d’argent, mais nous appelons à une réflexion concertée sur la manière dont il est réparti.
Notre collectif ne prétend nullement remplacer le travail syndical. Bien au contraire : il est complémentaire, ces États généraux seront un lieu de production de pensées qui pourront être ensuite portées par les organisations. Nous avons en commun la connaissance du secteur, l’expérience du terrain, un certain savoir-faire que nous voulons mettre au service de la défense des grands principes de l’exception culturelle.
Pourquoi des Etats Généraux ?
Nous avons traversé mille crises, le cinéma est mort mille fois. Ce qui l’a sauvé c’est nous tous . A chaque fois que ça a été nécessaire, d’autres avant nous se sont rassemblés pour défendre et protéger enrichir et adapter ce formidable outil que le monde entier nous envie : l’exception culturelle. Nous vivons encore sur le formidable legs des États Généraux de 1987, lancés par Jack Ralite, qui a été un fidèle invité et spectateur, y compris des Rencontres de l’ARP.
Aujourd’hui, cette idée même de l’exception culturelle est menacée par la montée en puissance des plateformes, dont les acteurs dominants sont tous américains.
Le cinéma, à l’instar de la culture, n’est pas une valeur marchande comme les autres, c’est un des terreaux de la démocratie. Il est primordial dans un monde en pleine mutation d’aller contre la standardisation de la création et la libéralisation de nos systèmes de production, en réaffirmant l’importance de notre exception culturelle.
Et si nous envisageons l’avenir, il nous faut considérer que l’action culturelle auprès des plus jeunes doit faire partie des priorités de la France. Elle est capitale. Il faut pour cela une diversité de cinémas. Or la diversité n’existera que dans un monde où pourront évoluer ensemble et de façon solidaire les gros groupes et les producteurs, distributeurs, exploitants indépendants.
Nous partageons un même objectif, celui d’une politique culturelle ambitieuse. Nous souhaitons donc que ces Etats généraux du cinéma existent sous l’égide de l’État. C’est dans un dialogue avec lui, et sous sa protection, que l’exception culturelle française peut être pérennisée.
Notre objectif
Nous appelons de nos vœux un large rassemblement, d’une ampleur qui n’existe pas actuellement : les partenaires historiques qui partagent avec nous la défense de la diversité, les chaînes de télévision française (Canal Plus, OCS, France Télévisions, Arte), les organisations du BLIC, du BLOC et de L’ARP, représentants toute la filière cinématographique, mais aussi les acteurs de l’action culturelle, les nombreuses organisations de techniciens, les comédiens, les organisations régionales ou bien encore la presse indépendante, qui répondent présents et partagent ce désir de dialogue. Un espace de dialogue de cet ampleur n’existe pas actuellement.
L’objectif visé par ces états généraux est de refaire de la France un pays novateur en terme de défense du cinéma. Il faudra définir, ensemble, par quel moyen cela passe et surtout quels en seront les termes. Quelle serait la nouvelle exception culturelle dans un monde ultra numérisé sur laquelle chaque acteur et chaque spectateur de cinéma pourrait s’appuyer pour l’avenir ?
Ce temps de parole, de réflexion, d’écoute a besoin d’être soutenu et pensé ensemble. Sur combien de temps aura lieu cette concertation ? Combien de rendez-vous ? Quels groupes de travail ? Quels grands sujets seront abordés ? Tout cela reste à définir ensemble.